BILAN 2023 : quitte ou double

L’année 2023 a été passablement chaotique sur le plan intérieur, avec une laborieuse réforme des retraites, péniblement finalisée en mars par le recours au 49.3, puis des émeutes, vandalismes et pillages en juillet suite à une bavure policière au cours d’un contrôle routier, et enfin en décembre, un processus désastreux des négociations sur la 29ème loi sur l’immigration depuis 1980.

L’année 2023 a été définitivement dramatique sur le plan international avec la poursuite d’une guerre hautement meurtrière en Ukraine après l’invasion russe du 24 février 2022 (300.000 morts militaires dont près de 3/4 russes et le triple en blessés selon certaines estimations) et destructrice avec près de 30.000 victimes civiles en  Ukraine en 22 mois, sans compter les milliers d’enfants « déplacés » et plus de 700 Mds de dommages estimés à mi 2023 ! En fin d’année la guerre à Gaza fait à ce jour plus de 20.000 morts civils dont près de la moitié d’enfants, après le massacre terroriste de 1400 victimes, principalement civiles, le 7 octobre 2023, perpétré par le Hamas dans le sud d’Israël. Ceci sans compter les autres conflits et guerres civiles dans un monde en voie de déstabilisation.

La France prévoit une croissance d’environ 1% en 2023, à comparer avec une légère récession en Allemagne après deux trimestres négatifs. Le chômage est resté presque stable avec 7.2%. Malgré des ventes d’armes record, des ventes et surtout un carnet de commandes exceptionnels pour Airbus et une forte reprise des exportations d’électricité au dernier trimestre (après la remise en état des réacteurs en révision durant l’année 2022),  le déficit commercial continue de se détériorer à près de 150 Mds. Ce solde négatif est principalement dû à l’augmentation des prix de l’énergie pour 80 Mds, des matières premières et produits agricoles. Le déficit de la balance des paiements sera quant à lui limitée à quelques 40 milliards grâce aux entrées de capitaux dus aux investissements étrangers, et à la reprise du tourisme qui aura représenté un solde positif de 20 milliards durant l’année. Restent 3000 Mds de dette souveraine qu’il faut commencer à réduire, malgré un déficit prévu au budget 2024 de 4.4%. Sans compter les 12 Mds d’économies à trouver pour le budget 2025 selon le Ministère des Finances.

Sur le plan politique la gestation de la réforme des retraites aboutissant à un recul de l’âge de départ de 62 à 64 ans a pris l’allure d’un chemin de croix après l’obstination de l’exécutif de refuser de se concentrer sur la seule durée de cotisation à 43 annuités ou plus si nécessaire (en prolongement de la réforme Touraine de 2013). Cette approche aurait été plus équitable et plus acceptable par les syndicats et notamment par la CFDT, même  si les partis politiques d’opposition, et principalement de LFI, auraient alors mis en œuvre les mêmes pratiques d’obstruction parlementaire.

Plus généralement le manque de majorité absolue des partis soutenant l’exécutif et la culture politique en France rétive aux coalitions ou même au consensus, comme dans certains pays voisins, et le recours à 29 reprises du 49.3 par la première ministre, n’a pas empêché une certaine efficacité législative avec le passage de plus de 50 textes de lois adoptés à l’Assemblée.

Au niveau de l’Europe, les 27 ont fait preuve d’une unité exceptionnelle et miraculeuse, principalement à cause de la menace sur le front Est et de la guerre en Ukraine. Ainsi l’ensemble des pays de l’Union se réarme et le taux de 2 % de dépenses de défense, est désormais l’objectif de chacun, soit un volume d’engagements  potentiel pour l’ensemble de quelques 300 Mds (alors même que la Pologne se dirige progressivement vers un taux de 4 % de son PIB). Il convient de rappeler qu’à l’époque de la guerre froide les budgets européens de la défense représentaient 3 % du PIB.

L’Allemagne est en proie à des difficultés croissantes partiellement liées à une coalition peu homogène, mais surtout à un modèle économique remis en cause : perte du gaz russe pour son énergie bon marché, abandon du nucléaire, difficulté du secteur automobile « made in Germany » face à l’électrique et à la concurrence chinoise, baisse des exportations en Chine, remise en cause de la chimie énergivore et polluante, investissements dans les infrastructures et dans la défense très en retard. Ces enjeux remettent en cause le supposé « couple » franco-allemand et les équilibres politiques dans l’Union;

Enfin, l’Union européenne est en train d’élaborer progressivement une politique commune de l’immigration, basée sur la sélectivité, l’intégration, et le contrôle plus efficace de l’immigration non désirée et illégale. Les élections européennes de 2024 restent néanmoins sous la menace des partis de droite plus ou moins extrêmes ou populistes et les partis centristes sont à la peine.

Aux États-Unis la croissance sera faible en 2023 soit probablement moins de 1 %, après deux années ébouriffantes, malgré la politique d’aide massive à l’investissement et à la production sur le sol américain initiée en 2022. Le chômage a reculé à 3,8 %  et l’inflation est en train de se stabiliser à 3%. Malgré ces bons résultats économiques et une légère majorité au Sénat, les démocrates sont en butte à l’opposition de la Chambre des représentants sur le sujet de l’immigration en provenance du Mexique et sous la menace quasi sectaire des partisans de Trump en vue des élections de fin 2024. Sauf à espérer une prise de conscience des républicains raisonnables, le risque d’une déstabilisation mondiale n’est pas exclu, à mettre en perspective avec un budget de la défense US de 768 Mds soit 3% de son PIB.

La Chine connaît un ralentissement notable de sa croissance, à  quand même +5%, avec une baisse des exportations , une hausse des coûts d’importation de l’énergie, un chômage des jeunes en forte hausse et les déboires du secteur immobilier dramatiquement arrêté et en manque de financements. Ceci freine leur développement international et notamment l’extension des routes de la soie et les financements des projets en Afrique (les prêts et investissements en Afrique représentent à ce jour et en cumul plus de 100 Mds de dollars dont un quart dans les secteurs de l’énergie, des infrastructures de transports et de l’eau). Cette politique sera poursuivie, bien que de façon plus mesurée, afin de d’assurer l’approvisionnement de ses ressources stratégiques et la conquête des sièges dans les organismes internationaux. Ces difficultés qui ont fait suite notamment aux erreurs de la politique de zéro covid en 2022 et qui contrastent avec les ambitions géopolitiques de la Chine, ont amené le pouvoir à entretenir la flamme nationaliste dans la « mer dite de Chine » et notamment vis à vis de Taïwan autour duquel les bruits de bottes, les incursions maritimes et aériennes font peser les risques d’une confrontation, avec à l’appui un budget de la défense de plus de 225 Mds de dollars soit 2% de son PIB.

En Inde, avec 1.4 Mds, la population, très jeune, dépasse désormais celle de la Chine, bien plus âgée. La montée en puissance de l’économie avec une croissance de plus de 6% est illustrée par ses succès spatiaux et ses dépenses militaires (dont les Rafales et sous-marins « made in France »).

En Russie, dans une économie de guerre, fait face à une inflation de plus de 5 %, à un taux directeur de 12 % et à la chute du rouble qui a perdu la moitié de sa valeur depuis mi 2021 , le pouvoir est obligée de faire appel à l’aide militaire des « grandes démocraties » que sont l’Iran, la Corée du nord et la Chine, dans sa poursuite du fantasme pour reconstituer l’ancien glacis soviétique, lequel s’étendait de Vladivostok jusqu’à Berlin Est. Ainsi, la Russie prévoit d’augmenter son budget de défense (ou d’attaque) de 70 %, à 115 Mds en 2024, soit 7% de son PIB. Dans ce contexte, l’ « exécutif », au sens étymologique, n’hésite pas à enfermer ses opposants et à éliminer physiquement ses vassaux, oligarques et généraux, mercenaires Wagner, un tant soit peu contestataires. Le pouvoir a par ailleurs soigneusement purgé les candidats potentiellement dangereux à l’élection présidentielle de 2024, et seul le niveau de participation aura quelque sens pour décrypter les tendances.

Plus largement et au niveau mondial, les dictatures, l’illibéralisme et le populisme, parfois teintés de libertarianisme à la sauce Milei comme en Argentine, prospèrent, du Venezuela, Nicaragua et Salvador, à la Russie, Syrie, Iran, Birmanie, Chine, Corée du nord, Afghanistan et autres, et font preuve de leurs capacités de nuisance à l’international. Il faut encore une fois rappeler que 70% de la population mondiale vit sous des régimes non démocratiques. Les seules bonnes nouvelles en 2023 viennent de Pologne avec l’avènement de Tusk et d’Italie avec  la révélation de la fibre européenne et la modération pragmatique de Meloni, en attendant l’entrée en vigueur de la taxe mondiale sur les sociétés de 15% à partir du 1er janvier 2024.

Alors qu’attendre de 2024  et de la suite ? L’économie mondial, européenne et française dépendra largement de la géopolitique et des élections européennes et surtout américaines. Il faut, par ailleurs, espérer la poursuite des investissements  et des politiques dans la transition énergétique et la réduction des émissions de CO2. La décision de la France d’étendre de 6 à 14 réacteurs supplémentaires son parc nucléaire et le renforcement du « club nucléaire européen » malgré les réticences de l’Allemagne, vont dans le bon sens. Le pli semble pris avec la mention de la « transition » sinon de la fin des énergies fossiles à la COP28. Enfin, alors que la population mondiale a atteint en 2023 le chiffre de 8 Mds d’individus, les démographes annoncent un plateau et même une décroissance à partir de 2050 en dépit du niveau actuel du taux de fécondité africain amené à décliner.

Le 6 janvier 2024

Retraites : une réforme dans la durée ?

Dans le cadre des protections sociales sacralisées après-guerre, la Sécurité Sociale reste un pilier majeur ancré dans l’esprit des citoyens, toutes catégories sociales confondues.

Ceci concerne d’abord et à court terme et dans la vie de tous les jours, la Maladie, dont les hôpitaux, les services d’urgence, la médecine de ville, et les médicaments sont les outils principaux et qui ont été tant sollicités lors de la pandémie de Covid. Ce poste qui représente plus de 170 Mds est soumis depuis des années à une érosion de ses moyens, sans compter les déserts médicaux de la médecine libérale. On ne compte plus les études et propositions partielles qui ont été avancées et même appliquées, sans qu’une remise à plat concertée de l’ensemble du dispositif n’ait été entreprise. Entretemps le système continue de fonctionner cahin-caha, car il est soumis au jour le jour à l’obligation même de fonctionner. Tout reste donc à faire, mais les solutions existent et elles sont plus d’ordre pratique et technique qu’idéologique.

Il en va tout autrement des Retraites, qui représentent un enjeu de 330 Mds avec les complémentaires, soit près de 14% du PIB, dont 120 Mds pour la Sécurité Sociale, et qui concernent d’une part et au jour le jour les bénéficiaires retraités au niveau de leurs pensions et donc leur pouvoir d’achat, et d’autre part l’ensemble du reste de la population au niveau de leurs attentes et par rapport à leur horizon de vie. C’est en cela que le sujet devient plus politique sinon idéologique.

Le gouvernement, au début du précédent mandat présidentiel, avait tenté de modifier structurellement le système en proposant avec courage une organisation « à points » sur le modèle suédois, tout en fusionnant les 42 régimes de retraites en un seul. Cependant, après un début prometteur, la réforme a été progressivement mise en pièces, par l’impréparation manifeste, sinon plus, du « Haut Commissaire aux Retraites » (impliqué par ailleurs dans des activités parallèles non déclarées), par les coups de boutoirs de certains régimes spéciaux, par les avocats et leur caisse autonome, et enfin et surtout par la volonté malvenue de vouloir imposer en cours de réforme un « âge pivot » de 64 ans, La pandémie de 2020 a permis de mettre officiellement la réforme au placard.

Mais voilà qu’au cours même de la campagne du second tour de 2022, le Président a annoncé la reprise de la réforme de retraites et évoqué un âge de 65 ans pour l’ouverture des droits à taux plein. Cet âge a toujours constitué un « marronnier » de la vie politique en France et un chiffon rouge pour les syndicats et désormais pour l’ensemble des salariés. Alors pourquoi s’obstiner ?

Le droit à la retraite au taux plein en France est conditionné par l’âge d’ouverture des droits ET par la durée de cotisations désormais fixée a 43 ans par la réforme Touraine de 2014. Il faut supprimer la notion d’âge d’ouverture des droits !

Une retraite basée sur la seule durée de cotisations  :

  • Est plus juste car elle s’applique à tous, avec logique, car fonctionnant sur les principes de toute assurance,
  • Elle résout automatiquement le problème de carrières longues en permettant à un salarié ayant commencé de travailler à 16 ans de prendre sa retraite 59 ans,
  • Elle résout accessoirement le problèmes de la pénibilité car celle-ci concerne principalement les carrières longues,
  • Elle rend politiquement plus acceptable l’intégration dans le système des divers régimes plus ou moins spéciaux sinon spécieux,
  • Elle facilite la résolution de l’équation financière en modifiant la durée de cotisation pour tous de façon plus acceptable.

Alors pourquoi hésiter, pourquoi s’accrocher à de vieilles lunes au risque de diviser et d’indisposer tout le monde, pourquoi ne pas avoir le courage de proposer une réforme de « bon sens » (terme à la mode) qui facilitera d’autant plus le passage, dans un deuxième temps, vers un futur système à points (que les suédois ont cependant mis plus de 10 ans à mettre en œuvre) ? Pourquoi donner prise aux idéologies et aux radicalismes ?

Le 25 avril 2022

2022, année périlleuse

Les bruits de bottes à l’est deviennent inquiétants.
D’autres balles sont en l’air en France et dans le monde.

Comme tous les ans donc, retrouvez le Bilan de l’année, 2021, sous l’onglet Bilans

La rubrique des Spectacles a également été mise à jour.
Ont été ajoutées sous l’onglet Arts les lectures récentes et passées.

COVID 19 : point au 10 mai 2020

Il est intéressent d’analyser la mortalité due au COVID dans les principaux pays concernés au 10 mai 2019.

Si les 9 pays d’Europe de l’échantillon représentent la moitié du total mondial des décès, les USA ont le chiffre le plus élevé dans le monde avec 80.000 victimes.
L’Italie et le Royaume Uni (ce dernier avec 2 semaines de retard sur la première), dépassent les 30.000 cas.
Pondérés par la population, la Belgique est tragiquement en tête de la liste avec 76 décès par 100.000 habitants, suivie par l’Espagne, l’Italie et le Royaume Uni autour de 50.
Avec plus de 30, la Suède et les Pays Bas ne sont pas mieux placés que la France avec 36, malgré leur réputation de discipline efficace, soit en deçà de la moyenne européenne de 38
Mais si l’on tient compte de la densité des différents pays, la Suède et les USA explosent avec des coefficients respectifs de 13.5 et 7.2 suivis de l’Espagne avec 6.1.
Dans tous les cas de figure l’Allemagne reste à ce stade le bon élève et de nombreux articles de presse ont tenté d’expliquer une telle performance (PIB par tête 20% plus élevé qu’en France, fédéralisme, prévention, priorité donnée aux des généralistes, etc..).

COVID19  maiK décèsPopu millionsM=K/P cent milleDensité km²coeff M/D
Italie30,061,0492002,5
Espagne27,048,056926,1
Belgique8,711,5763792,0
France26,067,0391193,3
Royaume uni31,066,0472781,7
Suisse1,88,5212091,0
Pays Bas5,416,4334120,8
Suède3,210,3312313,5
Allemagne8,083,0102340,4
st 9 pays Eur141,1371,738NDND
USA80,0327,024347,2
MONDE28075004NDND
chiffres au 10 mai 2020


Le 13 mai 2020

Pandémie, entre raison et sentiments

Sans vouloir parodier Jane AUSTEN, nous sommes tous stupéfaits par un évènement mondial qui bouleverse nos vies et nos économies. A ce jour de mi-avril 2020, le COVID19 a provoqué le confinement de plus de la moitié d’une population mondiale de 7 Mds, a touché plus de 2 Mds de personnes et a provoqué plus de 130.000 décès, dont plus de 15.000 en France. Après les premiers cas constatés en Chine à Wuhan le 17 novembre 2019, la pandémie a surpris tous les pays par sa capacité et vitesse de propagation, son taux de mortalité, et surtout les nombreuses inconnues de ses caractéristiques biologiques qui ont laissé les spécialistes relativement désarmés.

L’origine de l’épidémie serait due à une consommation exotique d’animaux non domestiques (pangola ?), ce qui témoigne de l’obstination archaïque de la population chinoise, même éduquée, à rechercher dans la nature des ingrédients de médecine traditionnelle (quand il ne s’agit pas de substituts à usages sexuels), aux dépens des requins, tigres, rhinocéros et autres animaux en danger d’extinction. Il est à noter par ailleurs que les premiers foyers importants après la Chine ont été causés par des réunions d’évangélistes en Corée et à Mulhouse, ce qui présage d’une possible hécatombe aux USA et au Brésil où ces « églises » sont puissantes. Ce qui confirme que ni l’idéologie ni la religion peuvent n’arrivent à privilégier la raison. Enfin la Russie, l’Iran, le Moyen Orient, mais surtout l’Inde et L’Afrique restent des zones peu transparentes et/ou mal inventoriées, vulnérables et sont des foyers possibles d’une propagation catastrophique compte tenu de la faiblesse de leurs structures médicales.

Le coût social et économique de cette pandémie sera phénoménal, supérieur à celui de la grippe espagnole de 1918 dont l’impact a été noyé dans celui de la Première Guerre, et plus comparable selon les spécialistes à celui de 1929, qui avait débuté par une crise financière. Si la règle des 3 points de PIB par mois de confinement a un sens, c’est donc plus de 9 points de perte de PIB que l’on devrait constater, compte tenu de la période de précaution avant le confinement, d’un confinement de  2 mois ou plus, et d’une sortie de confinement dont les modalités restent une inconnue pour le moment et pour tous.

Sans être d’origine financière, la crise survient après une décennie de convalescence post 2008 et lors d’un boom des indices boursiers après une croissance ininterrompue du DJ à NY depuis le 1er avril 2009, année du début des deux mandats de OBAMA (et non depuis 2017, n’en déplaise à son « brillant » successeur), passant de 7.063 points à un sommet de 28.256 points le 31 janvier 2020. On attendait un éclatement de la bulle, le coronavirus l’a fait.

Des voix se sont rapidement élevées pour mettre en cause un confinement qui osait gâcher la fête, notamment dans les pays les plus libéraux, USA et Royaume Uni, avant de revenir à plus de raison, mais l’expérience continue en Suède et aux Pays Bas, jusqu’à preuve du contraire. En effet bien que l’on soit très loin d’une « grippette », les chiffres des victimes sont comparables, en France par exemple, au bilan de la canicule de 2003 (15.000 morts) ou  à certaines années de grippe classique. Certains économistes ont ainsi fait le calcul du coût humain de la pandémie, sur la base d’une valorisation mathématique de la vie (méthode VVS ou valeur d’une vie statistique) estimée à 5 M€ en Europe et 10 M$ aux USA (mais combien en Afrique, Inde, Amérique du Sud ?). Sur de telles bases, pour une valeur « talon » de 1 M$ (sans tenir compte de « l’escompte » d’une espérance de vie résiduelle selon l’âge), les 130.000 décès représenteraient « seulement » une perte de 130 Mds. A comparer avec une perte de PIB mondial (qui s’élève à 86.000 Mds $) de 4.300 Mds sur la base d’un recul de 5% seulement.

Mais ces calculs, outre le fait d’être éthiquement totalement inacceptables, ne peuvent justifier une dialectique entre RAISON et SENTIMENTS, le sentiment de populations anéanties par la perte de leurs proches, angoissées par leur propre sort, inquiets sur leur avenir social et économique. Le sentiment, forcément immédiat sinon à court terme, est aussi celui des hommes politiques dont la carrière dépendra forcément du « sentiment » de leurs électeurs. En somme l’adage selon lequel « the show must go on » semble indécent et ne peut passer tel quel.

Alors quel constat ou quelles conclusions peut-on tirer de cet événement exceptionnel ? D’abord qu’il risque d’être de moins en moins exceptionnel. Qu’il met  à mal nos sociétés et leurs organisations, notre système sanitaire et la valorisation de nos fonctions essentielles : si l’on ne peut remplacer nos médecins, nos infirmier(e)s et hospitaliers, nos forces de l’ordre, nos vendeuses et nos éboueurs par des robots, c’est que la valeur de leur travail vaut plus que ce qu’on lui accorde.

L’autre constat est celui du principe de précaution ou plus généralement de gestion du risque. Toute société devrait en permanence valoriser tous ses risques et les mettre au passif de son bilan, en en amortissant l’éventualité statistique en diminution de ses résultats. Combien le font ? La ville de Paris met tous les ans à jour son plan prévention des crues depuis celle de 1910. Le calcul VVS  pour la France (voir plus haut, sur la base européenne de 5 M€) s’élève à 75 Mds,  ce qui représente 27% de 280 Mds du coût de la santé en France et 31% d’une perte de 10% du PIB de 2400 Mds du pays. Enorme ? A comparer avec le programme d’aide de 2200 Mds aux USA, 750 Mds pour la BCE, 540 Mds pour l’UE, sans compter les plans nationaux des pays d’Europe.

La pandémie affole car elle semble exceptionnelle. Mais il convient de rappeler qu’en France 2200 personnes meurent chaque année des accidents de la route ( 8000 en 1980), et c’est sur la base de calculs VVS que la vitesse sur les routes secondaires a été réduite de 90 à 80 kmh. De même 45.000 personnes meurent chaque année de la pollution, 50.000 d’alcoolisme et 75.000 du tabac, sans que personne s’émeuve. Un virus nouveau chaque année (comme le beaujolais) qui tuerait, disons 30.000 personnes, deviendrait-il une fatalité acceptable ou même médicalement rentable ? Comme la voiture, le glyphosate, l’alcool ou la cigarette.

Mais le principe de précaution ou plus généralement de gestion du risque, ne s’applique pas aux seules épidémies (SIDA, SRAS, H1N1, COVID et autres), car bien que exclues des polices d’assurance, les pandémies ont un caractère relativement récurent.

Le changement climatique et la perte de la biodiversité ont des échéances plus lointaines, qui dépassent les échéance électorales, celles des vies de nos hommes politiques, les nôtres même. Il est difficile d’imaginer des terres définitivement arides (un tiers des terres d’Espagne est déjà considéré comme aride), des océans morts, des fleuves taris, un air irrespirable et une humanité réduite à jouer les Mad Max. Actuellement cela ne se manifeste que par des catastrophes dites « naturelles » et à répétition : tsunamis, inondations, tornades, cyclones, incendies (en Russie, Amazonie, Australie, Californie).

Pourtant le risque climatique existe. Les calculs aussi : dès 2006 le rapport STERN alertait sur le coût de l’inaction climatique qui pourrait dépasser 5% du PIB mondial et jusqu’à 20% en y intégrant les pertes humaines et l’adaptation de toutes les sociétés y compris les plus démunies, au regard d’un coût prévention de 1% du PIB entre 2005 et 2020. Déjà trop tard.

Alors si notre pandémie de 2020 pouvait nous rendre la raison sur le climat de 2050 ce serait déjà cela de gagné. Sans compter les changements sociaux, économiques, et financiers nécessaires pour assurer à la planète une espérance de survie en bon état.

15 avril 2020

Coronavirus : un « virus étranger » ( Trump) ?

Ou plutôt un signe d’inculture.
Se souvenir que la grippe de 1918 qui a fait plus de 50 M de morts, n’avait d’espagnol que le nom (grâce – déjà – à la censure alliée) et était originaire de Boston USA.

PS du 16 avril : TRUMP suspend la contribution US à l’OMS sous prétexte de complaisance chinoise, en fait pour dédouaner sa propre incohérence dans la gestion fédérale de l’épidémie (élections obligent).

Retraites & Co (mplications)

S’il est un « marronnier » de la politique en France, au-delà de la fiscalité et des niches (fiscales et sociales), c’est bien la refonte du système des retraites. Normal, c’est une question à 330 Mds, versés annuellement aux pensionnés soit 13.7% du PIB.

La difficulté réside dans la gestion de ces montants assujettis à 42 régimes, dont 11 véritablement « spéciaux » ( dont SNCF et RATP, mais aussi le secteur énergie IEG, les militaires, policiers, marins, BDF, Opéra, etc..), qu’il s’agissait d’unifier en un régime unique avec cependant de possibles variantes professionnelles.

La réforme des retraites en un système universel à points avait été mis au programme du candidat MACRON dès 2016. Le projet de loi après les élections avait été retardé par des réformes plus urgentes, moins complexes et surtout par la nécessaire négociation avec les parties prenantes. Rappelons qu’en Suède la réforme avait pris plus de 10 ans et fait encore l’objet de discussions, contestations et ajustements. Un Commissaire du Gouvernement avait été nommé qui a mené des tractations pendant 2 ans sans faire le nécessaire travail de pédagogie  et de rapports d’étapes publics. Pire, nommé ministre pour la mise en délibération parlementaire, il a du se démettre s’étant pris les pieds dans le tapis d’activités parallèles non déclarées.

Il convient de rappeler au préalable que les retraites complémentaires, qui avaient été mises en place dès 1947 avec le soutien sinon à l’initiative de la CGT, sont soumises au système à points à la satisfaction de tous.

Rapidement la contestation est née sur la base du refus absolu des syndicats CGT, SUD et FO opposés à la mise en place de la réforme à la SNCF et la RATP qui restent leurs bastions. S’y sont joints pour des raisons différentes sinon diverses, les professeurs, les hospitaliers, les avocats, et les danseurs de l’Opéra.

,Mais l’opposition est également venue de la CFDT, initialement favorable au système à points devant la volonté de l’exécutif d’introduire à ce stade la question du financement avec l’âge pivot. De même la CGC s’est élevée contre la dernière tranche de cotisation réduite à 120.000 euros par an, privant le système des cotisations des revenus élevés (et prêtant ainsi le flanc à une ouverture accrue de la retraite par capitalisation, (voir la controverse à propos de BlackRock). Le rétablissement des clauses de pénibilité pour compenser les différences d’espérance de vie en bon état est aussi venu faire débat, malgré la difficulté d’en définir des règles simples à appliquer par métiers ou par fonction.

Enfin d’autres ont évolué, comme PIKETTY initialement favorable au système à points, qui a préféré pour des raisons de justice sociale, se tourner vers un système en « prestations définies » monétairement, plus « vendables », avec un taux de remplacement par tranches décroissantes de 85% pour les bas revenus à 50% pour les plus élevés.

Mais revenons à l’âge pivot, pierre d’achoppement avec la CFDT, seul syndicat véritablement favorable au système à points. La critique sur ce point est soutenue à deux niveaux, celui de la finance et celui de la justice.

D’abord il est maladroit de mélanger réforme systémique (points) et paramétrique (équilibres) : on ne court pas deux lièvres à la fois (Laurent BERGER). Aussi l’urgence n’est pas telle qu’il faille en polluer les discussions dès maintenant alors que le COR ne prévoit depuis peu un peak des déficits que pour 2027. Le déficit avancé par le COR pour 2023 n’est que de 5 Mds, modéré par rapports aux concessions aux contestataires jaunes de près de 15 Mds. De plus des amortisseurs ponctuels existent : les 140 Mds des réserves des complémentaires AGIRC et ARRCO et les 36 Mds du FRR (Fonds de réserve des retraites), sans compter les rentrées, sans compter les rentrées de la CADES à partir de 2025, soit 18 Mds par an. Enfin les prévisions du COR ont tellement varié dans le passé qu’ils peuvent varier dans l’avenir et dans les deux sens.

Mais le plus contestable est le principe même de l’âge pivot. Que la retraite à taux plein soit à 62 ou 64 ans, cela ne définit aucunement une carrière complète permettant l’ouverture des droits. La carrière complète ne peut être définie que par la durée de cotisation. Sur la dernière base des 172 trimestres, soit 43 ans, pourquoi un jeune ayant commencé de travailler à 15 ans devrait-il s’arrêter à 62 ou 64 ans alors qu’il aurait rempli son contrat de cotisations à 58 ans. De quel droit un diplômé devenu actif à 25 ans ou plus pourrait-il s’arrêter à 64 ans alors qu’il n’aurait cotisé que pendant 39 ans !

En conséquence et sur ce principe, s’il fallait équilibrer  le système de retraites seul l’ajustement futur de la durée de cotisation devrait être pris en compte dans un souci de justice.

Enfin si l’on veut rendre les syndicats plus représentatifs et moins radicaux, il convient d’en rendre l’adhésion obligatoire pour tout salarié avec cotisation définie et abondée par les pouvoirs publics et de mettre fin au financement des organisations syndicales.

10 janvier 2020

Le Bilan 2019 est arrivé

Vous pouvez le retrouver sous l’onglet Bilans de la page d’accueil.
Son sous-titre résume le passage du jaune (gilets) au rouge (CGT) at attendant la nécessaire conversion au vert pour combattre le changement climatique.


G6, G20, Davos

Le G6 a été créé en 1975 à l’initiative de Valéry Giscard d’Estaing, avec la complicité de son ami Helmut Schmidt, pour réunir de façon informelle les dirigeants des plus grands pays occidentaux, afin de discuter des grands sujets principalement économiques du moment. Etendu au format G7 en 1976 pour y intégrer le Canada, puis au G8 en 1997 en invitant la Russie, exclue en 2014 après l’invasion de la Crimée.

La création du G20 en 1999 répondait aux critiques du G7 considéré comme trop exclusif et permettait de réunir les chefs d’états des 20 pays représentant 90% du PIB mondial.

Le Forum de Davos initié en 1971 en invitant 444 chefs de grandes entreprises mondiales , s’est élargi avec la venue de chefs d’états ou de gouvernements, de ministres et d’hommes politiques de tous horizons.

L’utilité de ces « sommets » , agissants en parallèle à des organisations permanentes telles que l’ONU, l’OCDE et le GIEC notamment, a souvent été contestée et leurs résultats effectifs critiqués. Ces critiques ont été matérialisés par des contre-sommets altermondialistes regroupant des ONG variées tels que ATTAC existant depuis 1998 ou OXFAM fondée en 1942. Ces contre-sommets ont progressivement été pollués par des mouvements extrémistes et violents.

Reste que parler est utile, se parler est primordial, mais écouter reste la base de tout progrès.

Le 21 aout 2019

Européennes 2019 (par rapport à 2014)

Participation 50% (42%)

RN   23.3% et 23 sièges (FN 24.9% et 24 sièges)
LRM 22.4% et 23
EELV 13.5% et 13 (8.9 et 6)
LR     8.5% et 8 (UMP 20.8% et 20)
LFI    6.3% et 6 (FdG 6.6 et 4)
PS     6.2 et 6 (14% et 13)

La participation augmente de 8 points
Le RN(FN) reste en tête mais perd 1.6% et 1 siège
LRM bien qu’arrivés seconds envoient autant de députés à Bruxelles que le RN et, inexistants en 2014,  font 1.6% et 2 députés de mieux que l’UMP arrivée également seconde en 2014
Les verts arrivent en 3ème position et gagnent 4.6% et 6 sièges
Les LR(UMP) avec 8.5% contre 13% attendus, perdent 12.3% et 12 sièges
Le PS perd 7.8% et 8 députés
La gauche extrême  stagne autour de 6% contre 11% attendus
Hamon et Dupont Aignan (3.3 et 3.5%) n’atteignent pas 5% et n’ont pas de députés
L’UDI et les communistes sont inexistants avec 2.5% chacun
Les trois listes jaunes n’atteignent pas un total de 1%

Au niveau européen et sur 751 députés:
Le PPE (droite) avec 174 députés régresse de -43 sièges
Le S&D (gauche) régresse à 153 sièges soit -33
Le ELDD/EFD/ENL (extrême droite, dont RN précédemment non-inscits, Farage en GB, Salvini en Italie) progresse à 115 sièges soit +78, mais perdra 29 députés avec le Brexit et la sortie de l’Union de la GB
Le ADLE (centre, dont LREM) progresse à 106 sièges soit +38
L’ALE (verts) progresse à 78 sièges soit +26
Le CRE (conservateurs nationalistes dont PIS en Pologne et Fidesz en Hongrie) obtient 56 sièges
Le GUE/NGL (extrême gauche dont LFI, PCF et Syriza en Grèce) obtient 117 sièges

En conclusion :
l’extrême droite arrive en tête en France, Italie et UK
les partis traditionnels de droite et de gauche, s’effondrent en Allemagne mais surtout en Italie et France
le verts progressent fortement notamment en Allemagne et France
le centre progresse grâce à la bonne performance de LRM en France
les souverainistes obtiennent autour de 50% en Hongrie et Pologne où ils arrivent en tête